Tunisie: Les grottes berbères de Sned, un "musée à ciel ouvert"
Les grottes berbères dans la délégation
de Sned, appelées aussi "Villages de Montagnes", témoignent des traces
de civilisations humaines anciennes dans la région de Gafsa. Les
richesses qu’elles recèlent retracent des centaines d’années d’histoires
et de vie, mais la question se pose aujourd'hui quant au devenir et à
la pérennité de ces oeuvres ancestrales.
Les Amazighs, premiers habitants des grottes creusées par leurs
ancêtres, ne tolèrent plus qu’elles soient délaissées et qu’on continue
d’ignorer leur valeur historique.
Qualifié de "Musée à ciel ouvert" par le chercheur et directeur de la
maison de la culture, Mostari Boukthir, le village de montagne à Sned,
situé à quelques kilomètres de la ville, est l’un des endroits les plus
anciens ayant accueilli les premiers habitants. La superficie des
grottes qui faisaient office de demeure varie selon la grandeur des
familles qui y habitaient.
Photo: Facebook/Toonsi Mag
L’Institut national du patrimoine a recensé pas moins de 70 grottes à
Jebel Dhahra, dont neuf ont été réhabilitées par les services de
l’Institut. Selon Mostari Boukthir, il n’y a pas que les grottes qui
donnent la preuve que des hommes s’étaient installés à Jebel Sned depuis
plus de 1200 ans. Les plateaux superposés dans la montagne témoignent
également des activités agricoles.
Certains monts, lieux ou structures hydrauliques sont encore
aujourd'hui appelés par leurs noms à consonance berbères, comme "Jebel
Takranoucht", "Bir (puit) Taghlanet", "maraa (paturage) Temska" et "oued
Tamdwin".
D’autres vestiges renseignent sur le mode de vie économique et social
d'il y a 13 siècles. "El Ksar", situé au sommet de Jbel Dhahra, était
par exemple le grenier des habitants où étaient stockés figues,
abricots, olives, blé et orge.
Les ruines attestent aussi de l’existence de quatre huileries.
Aujourd'hui, vingt-cinq familles vivent au mont Sned après les vagues
successives d’exode vers la ville, bravant toutes sortes de difficultés
comme l’absence d’eau potable et la détérioration des pistes conduisant
au village.
Photo: Facebook/Toonsi Mag
Les habitants du village de Sned, ont cependant formé l’espoir de
voir leur village, connu pour son patrimoine historique et
civilisationnel riche, devenir une destination privilégiée de tourisme
culturel, permettant, ainsi de faire revivre certains métiers de
l’artisanat connus dans cette région, dont la confection du "Margoum"
et du "Klim".
Pour les membres de l’Association "Douroub pour la culture et les
arts" œuvrant pour la sensibilisation à la valeur historique et
civilisationnelle du village berbère, l’inscription des grottes sur la
liste du patrimoine national et mondial constitue une priorité pour
préserver ce site.
Le directeur régional de l’Institut National du patrimoine à Gafsa,
Mondher Brahmi, a indiqué que l’élaboration d’un dossier pour garantir
une protection juridique à ce site culturel est en cours.
Selon lui, l’emplacement stratégique des grottes berbères constitue
une partie indissociable d’un circuit touristique qui s’étend du Mont
Sned au Mont Ayeicha (de la délégation El Gtar), en passant par les
villages des montagnes "Boussaad" et "Bou Omrane".
"La création d’un village artisanal au mont Sned permettera aux
habitants de la région de créer leur propre projets", a-t-il souligné.
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