TAMAZIGHT MAROC CENTRAL
Le TAMAZIGHT (Maroc central) – Tamaziɣt
Le Tamazight
Le tamazight (tamaziɣt) est l’un des trois dialectes du Maroc, parlé
par les Imazighen (Imaziɣen) : ce groupe linguistique est le seul qui
emploie régulièrement et exclusivement ces termes (tamaziɣt et Imaziɣen)
pour dénommer sa langue et se désigner lui-même. Partout ailleurs, le
terme tamaziɣt/Amaziɣ-Imaziɣen, quand il n’est pas un néologisme, est
utilisé concurremment à d’autres dénominations locales plus fréquentes
(voir notice : Amazigh).
Quand l’on parle du Maroc, il est donc prudent de préciser « tamazight du Maroc central » pour éviter la confusion avec tamazight pris dans le sens global de « langue berbère ». Traditionnellement, ce groupe était dénommé Braber en arabe dialectal, terme souvent repris dans les études anciennes consacrées à ce dialecte.
Le tamazight est parlé dans une vaste zone couvrant l’ensemble du Moyen-Atlas et ses dépendances, la partie centrale et orientale du Haut-Atlas, le Djebel Sargho et ses piémonts sahariens. Il s’étend donc sur des régions aux conditions écologiques très variées : des hautes montagnes à forêts de cèdres du Moyen-Atlas, aux zones steppiques semi-désertiques, voire franchement sahariennes de l’Orientale ou du Tafilalet.
La population de langue tamazight doit se situer autour de 4 à 5 millions de personnes. Autrefois, le mode de vie semi-nomade prédominait dans cette région, qui a connu des mutations socio-économiques profondes au cours du XXe siècle.
Le tamazight, comme la plupart des grands dialectes berbères, présente donc une assez grande diversité interne. On y distingue traditionnellement (Destaing 1920), trois grandes sous-régions linguistiques : le Moyen-Atlas proprement dit, les parlers du Haut-Atlas et ceux du Djebel Sargho et ses piémonts sahariens. Mais en fait, les données sont bien plus diverses et chacune des sous-régions peut présenter d’importantes variations internes.
Dans ce cas comme dans tous les autres, on ne doit pas perdre de vue que les zones berbérophones actuelles résultent des aléas du processus d’arabisation, qui a fragmenté le continuum berbère au cours des siècles. La conséquence évidente est que les régions berbérophones rassemblent des parlers qui, à l’origine, n’appartenaient pas nécessairement à la même aire dialectale : c’est très certainement le cas des parlers tamazight du Nord-Est (Ayt Warayn, etc.) qui s’intégraient probablement plus à l’ensemble rifain. Dans le domaine tamazight, cette variation interne est sans doute accentuée par des mouvements de populations importants (consécutifs à des conflits internes et/ou à des mouvements nomades) qui se sont produits au cours des derniers siècles.
Il est donc difficile de caractériser positivement le tamazight par rapport aux autres dialectes marocains : les traits utilisés classiquement y ont tous une extension partielle et se retrouvent quasiment tous, soit au Nord (rifain), soit au Sud (chleuh) ; ce qui amène A. Willms (1980) à classer le tamazight et le chleuh dans le même groupe linguistique. Quelques exemples:
On notera que le tamazight, contrairement au chleuh et au rifain, reste relativement discret dans le champ de la production associative et culturelle moderne et dans celui de la néo-littérature écrite où il n’est quasiment pas représenté. Sans doute faut-il voir dans cet état de fait le reflet d’une situation sociolinguistique globale plus défavorable qu’ailleurs et une certaine faiblesse des élites modernes locales.
Quand l’on parle du Maroc, il est donc prudent de préciser « tamazight du Maroc central » pour éviter la confusion avec tamazight pris dans le sens global de « langue berbère ». Traditionnellement, ce groupe était dénommé Braber en arabe dialectal, terme souvent repris dans les études anciennes consacrées à ce dialecte.
Le tamazight est parlé dans une vaste zone couvrant l’ensemble du Moyen-Atlas et ses dépendances, la partie centrale et orientale du Haut-Atlas, le Djebel Sargho et ses piémonts sahariens. Il s’étend donc sur des régions aux conditions écologiques très variées : des hautes montagnes à forêts de cèdres du Moyen-Atlas, aux zones steppiques semi-désertiques, voire franchement sahariennes de l’Orientale ou du Tafilalet.
La population de langue tamazight doit se situer autour de 4 à 5 millions de personnes. Autrefois, le mode de vie semi-nomade prédominait dans cette région, qui a connu des mutations socio-économiques profondes au cours du XXe siècle.
Diversité interne et position du tamazight
Le tamazight apparaît clairement comme une zone linguistique de transition entre les parlers berbères du Nord (rifain) et ceux du Sud-Ouest (chleuh). Plus l’on avance vers le Nord-Est, plus les parlers présentent des traits phonétiques et grammaticaux "rifains" ; plus l’on descend vers le Sud (Haut-Atlas et Djebel Sargho), plus l’on se rapproche du chleuh, au point que la frontière entre les deux variétés est très indécise.Le tamazight, comme la plupart des grands dialectes berbères, présente donc une assez grande diversité interne. On y distingue traditionnellement (Destaing 1920), trois grandes sous-régions linguistiques : le Moyen-Atlas proprement dit, les parlers du Haut-Atlas et ceux du Djebel Sargho et ses piémonts sahariens. Mais en fait, les données sont bien plus diverses et chacune des sous-régions peut présenter d’importantes variations internes.
Dans ce cas comme dans tous les autres, on ne doit pas perdre de vue que les zones berbérophones actuelles résultent des aléas du processus d’arabisation, qui a fragmenté le continuum berbère au cours des siècles. La conséquence évidente est que les régions berbérophones rassemblent des parlers qui, à l’origine, n’appartenaient pas nécessairement à la même aire dialectale : c’est très certainement le cas des parlers tamazight du Nord-Est (Ayt Warayn, etc.) qui s’intégraient probablement plus à l’ensemble rifain. Dans le domaine tamazight, cette variation interne est sans doute accentuée par des mouvements de populations importants (consécutifs à des conflits internes et/ou à des mouvements nomades) qui se sont produits au cours des derniers siècles.
Il est donc difficile de caractériser positivement le tamazight par rapport aux autres dialectes marocains : les traits utilisés classiquement y ont tous une extension partielle et se retrouvent quasiment tous, soit au Nord (rifain), soit au Sud (chleuh) ; ce qui amène A. Willms (1980) à classer le tamazight et le chleuh dans le même groupe linguistique. Quelques exemples:
- La spirantisation des dentales /t/ > [q], voire > [h], et /d/ > [ð] se rencontre dans une grande partie des parlers du Moyen-Atlas mais elle est plus rare dans ceux du Haut-Atlas, et absente dans les parlers du Djebel Sargho.
- Il en va de même pour l’affaiblissement des occlusives palato-vélaire /k/ > [š] et /g/ > [š] ou [y], qui ne touche que certains parlers de la zone Nord et Nord-Est du tamazight, mais se retrouve également en rifain.
- Au plan syntaxique, si tout le Moyen-Atlas emploient la phrase nominale à auxiliaire de prédication d ("d + nominal"), les parlers méridionaux l’emploient peu ou pas du tout (Ayt Atta) et recourent à la structure typiquement chleuh à verbe auxiliaire "être" g (iga argaz et non d argaz = « c’est un homme »).
- l’existence et l’usage de la dénomination commune tamazight/Imazighen, par opposition aux domaines chleuh et rifain;
- par l’intercompréhension effective qui fonde un espace de communication tamazight, comme l’a bien montré, il y a déjà longtemps, Arsène Roux (1928) à partir de l’étude de la zone des déplacements des poètes itinérants traditionnels, imedyazen.
Les études sur le tamazight
Le tamazight a fait l’objet de publications importantes durant la période du Protectorat français (Boulifa, Abès, Laoust, Destaing, Mercier, Loubignac…) ; mais c’est surtout après la décolonisation qu’il a bénéficié d’études linguistiques solides et approfondies : Penchoen, Abdel-Massih, Willms, Taïfi… Le Dictionnaire de Miloud Taïfi est sans aucun doute le meilleur instrument lexicographique publié portant sur un dialecte marocain. De nombreux travaux universitaires (thèses) lui ont également été consacrés, en France et au Maroc, mais peu ont été publiés pour l’instant.On notera que le tamazight, contrairement au chleuh et au rifain, reste relativement discret dans le champ de la production associative et culturelle moderne et dans celui de la néo-littérature écrite où il n’est quasiment pas représenté. Sans doute faut-il voir dans cet état de fait le reflet d’une situation sociolinguistique globale plus défavorable qu’ailleurs et une certaine faiblesse des élites modernes locales.
Orientation bibliographique
- ABDELMASSIH (Ernest T.) : 1968 - Tamazight Verb Structure : a Generative Approach, Bloomington, Indiana University, The Hague, Mouton.
- ABDELMASSIH (Ernest T.) : 1971 – A Course in Spoken Tamazight : Berber Dialects of Ayt Ayyache and Ayt Seghrouchen, Ann Arbor, Indiana University.
- ABDELMASSIH (Ernest T.) : 1971 – A Reference Grammar of Tamazight : a comparative Study of the Berber Dialects of Ayt Ayyach and Ayt Seghrouchen…, Ann Arbor, Indiana University.
- BASSET (André) : 1963 - Textes berbères du Maroc (parler des Aït Sadden), Paris.
- BENTOLILA (Fernand) : 1981 - Grammaire fonctionnelle d'un parler berbère, Paris, Selaf.
- DESTAING (Edmond) : 1920 - Etude sur le dialecte berbère des Aït Seghrouchen, Paris, Leroux.
- LAOUST (Emile) : 1924 et 1928 - Cours de berbère marocain (dialecte du Maroc central), Rabat/Paris.
- LOUBIGNAC (V.) : 1924/25 - Etude sur le dialecte berbère des Zayan et Aït Sgougou, Paris, Leroux.
- MERCIER (Henri) : 1937 - Vocabulaire et texte berbères dans le dialecte berbère des Aït Izdeg, Rabat, Céré.
- PELLAT (Charles) : 1955 -Textes berbères dans le parler des Aït Seghrouchen de la Moulouya, Paris, Larose.
- PENCHOEN (Thomas G.) : 1973/b - Tamazight of the Ayt Ndhir, Los Angeles.
- ROUX (Arsène) : 1928 - « Un chant d’amedyaz, aède berbère du groupe linguistique Beraber », Mémorial Henri Basset, t. I, Paris, Geuthner.
- TAÏFI (Miloud) : 1991 - Dictionnaire tamazight-français (parlers du Maroc central), Paris, L’Harmattan.
- WILLMS (Alfred) : 1972 - Grammatik der südlichen beraberdialekte (Süd-Marokko), Hamburg/Glückstadt, Verlag J.J. Augustin.
- WILLMS (Alfred) : 1980 - Die dialektale Differenzierung des Berbersichen, Berlin, Verlag von Dietrich Reimer (Afrika und Übersee : 31).
- WILLMS (Alfred) : 1991 - « Beraber (linguistique », Encyclopédie berbère, X, Aix-en-Provence, Edisud.
S. CHAKER
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