Chants païens de Kabylie
Chants païens de Kabylie
Où sont passés les dieux qui emplissaient le monde? Ont-ils fui ce monde de folie ou attendent-ils qu’on les appelle, qu’on les invoque, qu’on les honore pour revenir?Chants païens de Kabylie |
Et s’ils pouvaient nous entendre? Et si
nous nous adressions à eux avec les plus belles de nos paroles, et si à
travers leurs noms, leurs attributs, leurs domaines nous regardions
d’un autre oeil cette Nature qu’au mieux nous méprisons, qu’au pire nous
violentons.
Si dans ces chants, nous retrouvions le souffle, l’âme, l’esprit d’une nature bruissante d’une félicité divine…
Si dans ces chants, nous retrouvions le souffle, l’âme, l’esprit d’une nature bruissante d’une félicité divine…
Entonner ces chants païens kabyles
inspirés des hymnes homériques aux divinités du panthéon méditerranéen,
c’est retrouver l’esprit de la Méditerranée antique. Le fonds
méditerranéen ancien, si on veut le scruter avec attention, montre que
les Kabyles et les Berbères en général partagent avec l’antiquité
grecque et romaine autant, voire plus, que les cultures dites
européennes.
Quand on lit
Hérodote, on apprend que la déesse Athéna serait née en Libye (antique
nom de l’Afrique du Nord), que Poséidon est un dieu libyen adopté par
les Grecs, que l’oasis d’Ammon (aujourd’hui Siwa) abrite un oracle de
Zeus aussi important que celui de Dodone en Grèce continentale. Hérodote
écrivait au Vème siècle avant J-C.
Quand l’Afrique du Nord est devenue romaine, entre le Ier siècle avant JC et le Ier siècle après, Afrique est devenue une déesse cornue représentée sur des mosaïques que l’on peut encore voir aujourd’hui au musée du Louvre, du Bardo à Tunis et à Alger. Les divinités africaines ont été adoptées dans les cultes religieux de l’empire romain, de même les dieux romains et grecs ont été largement honorés par les antiques Numides.
Quand l’Afrique du Nord est devenue romaine, entre le Ier siècle avant JC et le Ier siècle après, Afrique est devenue une déesse cornue représentée sur des mosaïques que l’on peut encore voir aujourd’hui au musée du Louvre, du Bardo à Tunis et à Alger. Les divinités africaines ont été adoptées dans les cultes religieux de l’empire romain, de même les dieux romains et grecs ont été largement honorés par les antiques Numides.
Dix siècles de culture grecque romaine
ne s’évaporent pas d’un coup avec l’arrivée de l’Islam. Dans les contes,
les mythes berbères recueillis au XIX siècle par les nouveaux
colonisateurs français, on retrouve ces éléments d’une religion
polythéiste qui remonte à des millénaires. La plupart des contes et
légendes berbères ont été marqués par la culture dite “arabo-musulmane”,
mais certains ont gardé des références indéniables aux fonds
méditerranéen polythéiste. Le mythe d’Anzar et ce qu’il en reste dans
le langage populaire pour désigner l’arc-en-ciel en est un témoin
indéniable.
Bien sûr cette tradition polythéiste –
dont on pouvait sentir encore la vivacité quand nos grands-mères
saluaient tel arbre, ou telle pierre parce qu’ils étaient “habités” par
des Gardiens – ne va plus de soi. Elle est à inventer, à recréer, à
refonder à la lumière littéraire des textes antiques grecs et latins.
Il ne s’agit pas avec ces chants païens
de promouvoir un retour aux cultes polythéistes, mais de faire entendre
d’autres voix qui remontent au fond des âges et dont l’écho retentit
encore dans toute la nature qui nous entoure.
Hymne à la nature donc, et à ses puissances, que le “rationalisme” religieux actuel a enterrées sous le signe de l’anathème.
Ce que nous proposons ici c’est une promenade dans des chemins de traverse qui mèneront les Kabyles à l’humanité, aux humanités.
Marguerite Yourcenar considérait que la
mythologie grecque était une première étape vers un langage universel.
Toutes les guerres pourraient se résumer à ce que dit Homère de la
Guerre de Troie, le périple d’Ulysse pourrait symboliser la quête
inhérente à toute la condition humaine.
Chanter ces dieux oubliés, c’est chanter la mémoire d’une méditerranée antique que les Kabyles doivent retrouver pour ne plus être perdus dans une mer qui est autant la leur que celle des Romains, NOTRE MER à TOUS: Mare Nostrum
Chanter ces dieux oubliés, c’est chanter la mémoire d’une méditerranée antique que les Kabyles doivent retrouver pour ne plus être perdus dans une mer qui est autant la leur que celle des Romains, NOTRE MER à TOUS: Mare Nostrum
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Azul !